Qu'est ce que le karate traditionnel ?

La pratique du Karaté traditionnel n'est pas développée selon les critères d'arbitrage sportif (appliqués en compétition et restrictifs d'application pour raison de sécurité).
Le pratiquant développe des combinaisons techniques plus diversifiées et limitées pédagogiquement pas le contrôle absolu (respect du partenaire).
Sur la photo : Frédéric Masseix, 8ème Dan-AJBA (Japon) et Juan-Antonio Sanchez, 2ème Dan-BKJK

La pratique du Karaté traditionnel est intergénérationnelle et en mixité sociale et de genres.

Roland Habersetzer (aujourd'hui 9ème Dan du Japon et actuellement l'auteur le plus compétent en matière d'art martial traditionnel) écrivait il y a près de 30 ans que "l'essentiel est l'existence, voire la survie, de petits groupes œuvrant en marge des structures officielles, géants administratifs sans âme."

 

Dans ces mots que nous citons de mémoire il cherchait à questionner ce qui distingue les instances (méta) administratives des groupes beaucoup plus modestes - ou humbles - de styles ou de tendances (par exemple la référence à la "tradition").

 

On peut maintenant effectuer une sociologie historique des Budo, beaucoup plus précise que ce qu'on en aurait dit il y a encore une vingtaine d'années. Alors même qu'à la fin des années 80 on ne comptait en France que 4 ou 5 détenteurs (légaux ou dissidents) du 7ème Dan on dénombre aujourd'hui - par le fait des ans et une certaine inflation même - plusieurs dizaines de détenteurs de ce même grade.

 

Toutefois, là où il se délivrait sur critères sportifs (notamment en Europe et aux USA) on a progressivement remarqué l'importance d'une compétence et connaissance globales, beaucoup plus finis et riches que le seul axe du budo-sport. Là, pour résumer en quelques lignes, a agi l'influence des petits groupes - pourtant longtemps écartés du système fédéral officiel et y étant encore maintenu pour le plus grand nombre -, styles, écoles et associations de promotion de la tradition japonaise.

 

Nos attitudes souvent condescendantes d'occidentaux nous ont aussi souvent fait oublier qu'un Dojo avec un modeste enseignant et ses quelques élèves pouvaient être de meilleurs gardiens de l'art (de la main) que les statuts et règlements les plus légaux.

 

A chacun sa voie, selon qu'il parvient à exprimer, justement, sa voix à sa façon ; et c'est bien là l'essentiel d'un Budo, qu'il fasse de son adepte un homme libre pouvant se réaliser pleinement tout en participant de la transmission, sans imposer à l'autre sa propre pensée.

 

La pratique du Budo (art martial) traditionnel se développe à partir des 3 points que sont :

- la pratique physique (techniques de corps)

- la perfection du geste (amélioration continue de la justesse)

- l'esprit (ou le "mental" si on veut le dire ainsi)

 

Définir "le" Karaté traditionnel c'est préciser qu'il existe une multitude d'écoles (Ryu) de Karaté. Ainsi on a, selon cette perspective, des Karaté traditionnels qui expriment leur références culturelles par des singularismes développés dans la pratique, les Kata, les sensibilités techniques et philosophiques (de l'art) de leurs fondateurs respectifs. 

 

Pour autant, pratiquer le Karaté traditionnel c'est déjà se référer à un patrimoine qui ne peut faire l'impasse sules références des styles originaux venus d'Okinawa : Naha-te, Shuri-Te et Tomari-Te. 

Le Karaté de la tradition, au début de son développement, ne se pratiquait nullement en tant que sport, encore moins dans l'objectif de concourir à une épreuve d'évaluation sportive telles que se sont développées à la fin des années 1950 les compétitions de combat et de Kata, en individuel puis ensuite en équipe. 

 

S'exprimer en Dojo, en suivant l'enseignement d'un Sensei (professeur), au travers de la pratique du Karaté traditionnel c'est avant tout de prendre conscience du double travail qui est à faire - par soi, en soi, sur soi - au Dojo et en dehors : d'abord la part d'intégration, apprentissage et perfectionnement du geste martial ; en second l'implicite travail d'introspection personnelle consistant à questionner l'égo afin de savoir polir ses attitudes sociales dans l'échange, l'entraide, la croissance humaine. 

 

Ainsi, le Karaté "technique" (Karaté-Jutsu) s'affirme t-il en l'expression d'une "voie (de réalisation) martiale" en s'écrivant "Karaté-Do". 

 

Au Mushin-Kan les générations se côtoient et pratiquent ensemble : Noadia (17 ans), Jacques (68 ans), Sayaka (16 ans, japonaise étudiante en France) et Alexandre (17 ans). Photo au Dojo de Davézieux.
Au Mushin-Kan les générations se côtoient et pratiquent ensemble : Noadia (17 ans), Jacques (68 ans), Sayaka (16 ans, japonaise étudiante en France) et Alexandre (17 ans). Photo au Dojo de Davézieux.
Hitoshi Kasuya, 9ème Dan, Directeur Technique WSKF
Hitoshi Kasuya, 9ème Dan, Directeur Technique WSKF
Kiyoshi Yamazaki, 9ème Dan ; Soke de la Japan Karate-do Ryobu-Kaï - Angleterre, 2018
Kiyoshi Yamazaki, 9ème Dan ; Soke de la Japan Karate-do Ryobu-Kaï - Angleterre, 2018
F. Masseix, alors 4ème Dan, avec Sensei Kiyoshi Yamazaki, mai 2001, Paris
F. Masseix, alors 4ème Dan, avec Sensei Kiyoshi Yamazaki, mai 2001, Paris